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Cuanto más viejo, más crezco en ignorancia
cuanto más he vivido, menos poseo y menos reino.
Todo lo que tengo es un espacio sucesivamente
nevado o brillante, pero jamás habitado.
¿Dónde está el dador, el guía, el guardián?
Permanezco en mi habitación y primero callo
el silencio entra como un sirviente a poner orden
y espero que las mentiras se disipen una a una:
¿Qué queda? ¿Qué queda a quien muere que le impide
un buen morir? ¿Qué fuerza le permite hablar aún
entre cuatro paredes?
Podría saberlo yo, el inquieto, el ignorante?
Pero realmente lo oigo hablar
y su palabra penetra con el día, aunque vagamente.
“Como el fuego, el amor instaura su transparencia
en la culpa y la belleza de los bosques vueltos ceniza”.
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Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance,
plus j’ai vécu, moins je possède et moins je règne.
Tout ce que j’ai, c’est un espace tour à tour
enneigé ou brillant, mais jamais habité.
Où est le donateur, le guide, le gardien ?
Je me tiens dans ma chambre et d’abord je me tais
(le silence entre en serviteur mettre un peu d’ordre),
et j’attends qu’un à un les mensonges s’écartent :
que reste-t-il ? que reste-t-il à ce mourant
qui l’empêche si bien de mourir ? Quelle force
le fait encor parler entre ses quatre murs ?
Pourrais-je le savoir, moi l’ignare et l’inquiet ?
Mais je l’entends vraiment qui parle, et sa parole
pénètre avec le jour, encore que bien vague :
« Comme le feu, l’amour n’établit sa clarté
que sur la faute et la beauté des bois en cendres… »
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