Extraído de Arthur RIMBAUD, Œuvre Complètes. Poésie, prose et correspondance. Introduction, chronologie, édition, notices et bibliographie par Pierre Brunel, Le Livre de Poche — La Pochothèque, Clermont-Ferrand, 2010, p- 194 | Traducción de Juan Arabia | Buenos Aires Poetry, 2021.
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Sensación
En las tardes azules¹ de verano, iré por los senderos,
arañado por el trigo, pisando la hierba fina.
Soñador, sentiré el frescor en mis pies.
Dejaré que el viento bañe mi cabeza desnuda.
No hablaré, no pensaré en nada²:
pero el amor infinito me subirá hasta el alma,
y me iré lejos, muy lejos, como un bohemio,
por la Naturaleza —feliz, como con una mujer³.
Marzo 1870
¹ Brunel anota: Posible reminiscencia de una línea de Les Chimères de Albert Mérat: «Par un soir bleu d’avril elle s’en revenait» (Arthur RIMBAUD, op. cit., p. 194).
² Brunel anota: Diferencia esencial con Hugo en «Demain, dès l’aube» (Arthur RIMBAUD, op. cit., p. 194).
³ Marc Eigeldinger escribe: «fusión con el cuerpo femenino de la Naturaleza» (Berenice, mars 1981, p. 55).
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Sensation
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Mars 1870
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Extraído de Arthur RIMBAUD, Œuvre Complètes. Poésie, prose et correspondance. Introduction, chronologie, édition, notices et bibliographie par Pierre Brunel, Le Livre de Poche — La Pochothèque, Clermont-Ferrand, 2010, p- 194 | Traducción de Juan Arabia | Buenos Aires Poetry, 2021.